Ceci est une ancienne révision du document !


Introduction

Si vous avez été intrigué par la culture des champignons, peut-être avez-vous été découragés par la complexité et le coût prohibitif de la culture axénique (hottes à flux laminaire, salle blanche, etc.). Il existe deux écoles de pensées en myciculture, qui pourraient se résumer ainsi : certains choisissent la culture extérieure, d'autres la culture intérieure. Les premiers feront affaire avec des producteurs de mycélium et n'encourront que des dépenses minimes. Il est en effet relativement simple de cultiver vos propres champignons sans aucun équipement particulier. Certaines techniques, comme la reproduction de champignons mycorhizes, peuvent même être d'une facilité déconcertante à l'extérieur, tandis leur culture en laboratoire est hors de porté de la plupart des cultivateurs professionnels.

Cela dit, le mycélium acheté en commerce provient fort probablement d'une culture intérieure. C'est le moyen par excellence pour produire des quantités massives de mycélium sain en un temps record. Si vous employez les bonnes méthodes, le succès est presque assuré. Entre le laxisme et la paranoïa, il y a bien sûr de nombreuses nuances. Les techniques décrites ici permettront un début solide aux amateurs sérieux et aux professionnels à en devenir. Une salle à pression positive (« salle blanche ») est le plus souvent facultative. Une hotte à flux laminaire efficace et un autoclave constituent quant à eux l'équipement de base. Pour un investissement modéré, en deçà de quatre mille dollars, vous serez en mesure de suivre avec succès l'ensemble des guides présentés sur ce site. Il s'agit d'une dépense relativement faible lorsqu'on considère les coûts reliés au développement de la plupart des entreprises.

Les espèces que nous cultivons sont le plus souvent des saprophytes. Puisque les mycorhizes dépendent souvent de leur hôte respectif, il est beaucoup plus complexe de les cultiver en milieu artificiel.

Si vous préférez acheter le mycélium chez un producteur1) et simplement l'implanter dans votre jardin, vous pouvez passer directement à la section culture extérieure.

Les champignons se reproduisent de deux manières; par spores (comparable aux graines de plantes) ou par la propagation du mycélium extrait d'un carpophore (semblable à la propagation par boutures). La culture se divise habituellement en trois stades distincts:

  1. Culture axénique sur une gélose composée d'agar-agar et de nutriments
  2. Culture axénique sur des céréales ou des copeaux de bois
  3. Floraison sur un substrat pasteurisé ou stérilisé

Elle débute dans une boîte de Petri. Initialement, un cultivar nouveau y germe à partir de spores, ou y est cloné avec un morceau de son mycélium. Si des contaminants y germent aussi, il faudra immédiatement repiquer le mycélium dans une nouvelle boîte, jusqu'à isolement de la souche. Dans le cas des spores, il faut être d'autant plus rapide, puisque les différents cultivars tendent à s'emmêler.

Une fois la culture axène, elle peut être conservée au froid, dans une éprouvette de gélose. Le mycélium y sera prélevé au besoin, puis repiqué dans une boîte pour ainsi démarrer un nouveau cycle de production.

Aperçu d'un cycle de production

Pour comprendre les étapes en détails, suivez l'ordre du menu à gauche de la page.

Voici un cycle typique pour la production de mycélium de première génération (G1). Les délais varient, principalement en fonction du substrat, de la température et de l'espèce. À la fin de ce cycle, selon sa composition le mycélium pourra être utilisé soit pour la floraison, pour inoculer davantage de substrat stérilisé (G2, G3), ou pour inoculer du substrat pasteurisé directement à l'extérieur (G2).

Étape Délai (jour)
Préparation, stérilisation de la gélose
Éprouvette > Petri, incubation ?
Petri > Culture liquide (fermentation) 3
Préparation, stérilisation du substrat
Culture liquide > Substrat (G1)
Incubation 7
Morcellement (secouage)
Incubation 11 — 14
Morcellement (secouage)
Floraison ou inoculations subséquentes

Hygiène de travail

Le principal défi de la culture in vitro consiste à fournir au mycélium un environnement artificiel, exempt de tout organisme compétiteur. Pour ce faire, le substrat (gélose, grain, bois, etc.) destiné à cette fin doit être stérilisé dans un autoclave. Des « contaminants potentiels » existent partout dans l'environnement, dans nos maisons, et même dans les salles blanches et les laboratoires. L'air ambiant étant riche en micro-organismes de toutes sortes, la manipulation du matériel préalablement stérilisé doit se faire dans le plan de travail d'une hotte à flux laminaire. Les petits outils (scalpel, loop) y seront stérilisé à l'alcool 75%, puis à la torche.

La hotte est une simple soufflerie d'air stérile. Les particules de l'air ambiant sont séparées par un filtre HEPA, et l'air propre exerce une pression positive sur le plan de travail. Comme l'air stérile provient du filtre, le matériel le plus propre ou le plus sensible devrait être placés à l'avant. Il faut aussi porter une attention particulière à nos gestes. Par exemple, une main placée entre la sortie du filtre et une boîte de gélose ouverte constitue un risque de contamination. Plus la contamination est hâtive dans le cycle de production, plus son amplitude risque d'être accentuée.

Chaque fois que vous devrez manipuler du matériel stérile, portez une attention particulière à ces détails:

  • Évitez tout courant d'air dans le laboratoire et prévenez l'accumulation de poussière
  • Avant de débuter, désinfectez le plan de travail à l'alcool 75%2)
  • N'utilisez que du matériel propre ou stérile dans la zone de travail (grain, gélose, outils, etc.)
  • Stérilisez les outils avant chaque nouvelle manipulation (attention aux contaminations croisées)
  • Portez des gants3) et vaporiser vos mains d'alcool au besoin
  • (facultatif) Portez un masque.
  • Même après désinfection, considérez vos mains et les surfaces du plan de travail comme des sources potentielles de contaminants

2) L'alcool à 75% est plus efficace que la 99%, car l'eau permet de réveiller certains micro-organismes
3) L'alcool vaporisé directement sur le corps bouleverse la flore microbienne du corps humain