Certaines spores, notamment celles de bactéries ou de champignons, présentent des caractéristiques remarquables de résistance: elles peuvent survivre pendant de longues périodes, même dans des conditions défavorables, et permettre ainsi la dispersion de l'espèce, parfois à une grande distance de son point d'origine, ou longtemps après la disparition du parent.1) Chaque empreinte peut contenir de 100 000 à 100 000 000 spores, et chaque paire de ces spores ont le potentiel de développer un individu unique.
Procédure:
Il est préférable d'éviter une densité trop forte de spores afin de faciliter les étapes suivantes. Des milliers de spores ont été placés sur un substrat riche et stérile. Après leur germination, les hyphes des spores compatibles fusionneront pour former des cellules dicaryotes, contenant chacune deux noyaux. C'est à ce moment qu'apparaît le mycélium. Après 5 à 15 jours2), de nombreux îlots de mycélium apparaîtront à la surface de la gélose. Dès qu'elles sont visibles, les colonies sélectionnées doivent être isolées dans de nouvelles boîtes. Chacune de ces colonies représente un cultivar possédant une génétique unique.
Surveillez étroitement le développement de ces cultivars. Si vous apercevez le moindre signe de contaminant, empressez-vous de transférer le mycélium sain dans une nouvelle boîte. Au moment d'ouvrir la boîte contaminée, arrêtez temporairement le ventilateur, car le flux d'air risquerait de répandre davantage de spores indésirables. Prélevez un morceau de mycélium aussi loin que possible de la zone infecté. La nouvelle boîte devra être surveillée de près; aussitôt que le mycélium s'y développera, par précaution repiquez-le à nouveau.
Même en l'absence de compétiteur, il est fréquent que deux mycéliums, issus de deux cultivars distincts se soient entremêlés. Cela se manifeste par une croissance sectorielle, vous pouvez alors tenter de diviser ses deux cultivars en repiquant un morceau de chacun à des points diamétralement opposés.
Lorsque vous obtiendrez des cultivars sains et non sectoriels, vous pouvez les entreposer dans des éprouvettes pour un usage ultérieur. Ces éprouvettes vous serviront de cultures mères et sont conservées précieusement. Avant d'en faire une culture à grande échelle, il est judicieux de tester chacun des cultivars pour évaluer leurs phénotypes respectifs.
S'il vous est impossible de débuter avec une empreinte de spore “propre”, vous pouvez réaliser les premières étapes sur un substrat enrichi d'antibiotiques, qui inhibera la croissance des bactéries. Dans les étapes subséquentes, le peroxyde d'hydrogène peut aussi vous faciliter la tâche, car il détruit la plupart des spores de champignons et de bactéries, sans toutefois nuire à la croissance du mycélium.
Plusieurs raisons justifient l'emploi de cultures mères. Malgré tous les efforts déployés pour stériliser le substrat, il est fort probable qu'il y subsiste des organismes extrémophiles. Plus les générations avancent, plus ils sont susceptibles de se manifester. Compte tenu du volume restreint des éprouvettes, de la phase liquide de l'agar, et qu'elles sont le plus souvent préservées au froid, les contaminants y sont généralement inhibés ou inexistants.
En second lieu, tout organisme vivant est limité par son vieillissement cellulaire. Plus les divisions sont nombreuses, plus leur vigueur est réduite. Les éprouvettes agissent comme une banque de cellules jeunes, capables de se multiplier vivement, souvent sur quatre ou cinq générations [de clones]. Elles peuvent se conserver plusieurs années si elles réfrigérées adéquatement.
Procédure:
Il est prudent de conserver entre deux et quatre copies de chaque variété. En présence d'humidité, certaines espèces ont tendance à produire du mycélium aérien. Pour éviter cela, vous pouvez placer quelques gouttes d'huile minérale à la surface (au préalable, stérilisez l'huile dans une seringue). Notez également que certaines espèces tropicales tolèrent mal la réfrigération, mais que la plupart s'y prêtent bien.
Afin de préserver leur vigueur et de vérifier l'état de santé des cultures, une fois par année il est conseillé de cultiver une des copies dans une boîte de Petri. Si son développement est adéquat, vous pouvez la repiquer dans une nouvelle éprouvette, et l'étiqueter en conséquence. À des fins de suivit, il est vivement conseillé de noter l'âge cellulaire de vos cultures; lorsque vous obtenez un spécimen pur issu de spores, identifiez-le avec la mention “P1”. Chaque fois qu'il sera cultivé à nouveau en boîte de Petri, sa mesure “P” augmentera d'un cran. Après environ dix transferts (P10), attendez-vous à constater des mutations ou une vigueur amoindrie.