La culture liquide est une méthode d'inoculation très efficace, applicable à la plupart des champignons. L'inoculation est propre, rapide, et la reprise l'est tout autant. Cette méthode permet de transformer une boîte de Petri en plus de 50 L de mycélium. À petite échelle, on peut utiliser uniquement des cultures de première génération (G1), limitant les manipulations, le délai de croissance végétative et les risques de contaminations associés. C'est une méthode incontournable, plus efficace que le classique grain-to-grain. Il faut cependant travailler dans une propreté impeccable (hotte à flux laminaire). Le désavantage est qu'un seul contaminant dans le liquide équivaut à toute une série de pots à jeter.
Il faut d'abord inoculer 2 à 3 boîtes de Petri. Lorsque le mycélium atteint 1 cm du bord, sélectionnez la boîte qui vous semble la plus saine et écartez les autres. C'est la seule que vous utiliserez. Préparez ensuite votre solution :
Pour formuler efficacement vos préparations, consultez le calculateur de recettes.
[Pour chaque boîte],1)
Le mycélium de la boîte de Petri est d'abord pulvérisé en petits amas de cellules (mélangeur). La solution d'eau et de mycélium est ensuite incorporée dans une solution nutritive (erlenmeyer). La fermentation leur permettra d'amorcer leur croissance et de se restructurer en milliers de vigoureuses colonies. Lorsqu'elles seront versées dans le substrat, chacune de ces colonies deviendra un point d'inoculation. Il faudra utiliser ce liquide rapidement (48-96 h), sans quoi la fusion sera trop avancée et la reprise sera ralentie.
Pour permettre au mycélium de respirer durant la fermentation, et d'empêcher la sédimentation, il faut placer la solution sur un agitateur magnétique à 200 rpm, dans un contenant muni d'un filtre à air. Vous pouvez augmenter la vitesse si vous le souhaitez, mais une agitation lente permet aux cellules de fusionner et d'assurer une meilleure reprise sur le prochain substrat. Si l'agitation est trop rapide, le mycélium ne pourra pas se restructurer.
Une autre méthode consiste à verser la solution d'eau et de mycélium pulvérisé directement sur le substrat, sans fermentation. C'est un raccourci à la fermentation, mais son usage est limité à des volumes restreints.
Si les pots ont été cognés, cela risque d'affaiblir le verre en un ou plusieurs points. Ces fissures peuvent passer inaperçues, mais elles se dévoileront certainement au moment de casser le mycélium avec le pneu. Les éclats de verre peuvent causer des blessures graves, utilisez l'équipement de sécurité approprié (lunettes, gants de boucher, etc.).
Le mycélium à besoin de respirer. Afin de favoriser l'entrée de l'oxygène et de libérer le C02, la solution doit être constamment agitée pendant la phase d'incubation. Dans la littérature, il est conseillé de boucher l'ouverture de l'erlenmeyer avec du coton non absorbant recouvert de papier d'aluminium. Cette méthode fonctionne, mais rend la manipulation plus délicate. De plus, il faut fréquemment remplacer le coton et l'aluminium. À petite échelle, il est plus pratique d'utiliser un erlenmeyer en polymethylpentene (PMP) avec un bouchon adapté.
Pour ce faire, percez le couvercle à l'aide d'une tête de clou chauffé à la torche. Découpez ensuite un filtre micron pour que son diamètre se loge parfaitement sous la surface du bouchon (5 cm). À peu de frais, vous obtenez ainsi un erlenmeyer durable et parfaitement adapté à la culture liquide. Avant la stérilisation, le bouchon peut être nettoyé, au besoin, en le trempant quelques minutes dans une solution d'eau de javel 5 %. Ce n'est pas nécessaire de le séparer du filtre, car le PMP résiste à l'hypochlorite de sodium. Avec un bouchon de rechange ou du papier d'aluminium, vous pouvez utiliser ce même erlenmeyer pour stériliser de la gélose.